Je ne crois pas qu’on fasse son deuil …je ne crois pas qu’il y ait une fin du deuil…d’après moi, le deuil est un voyage, comme l’amour, l’amitié, la vie…comme le reste
PAS DE FIN, MAIS UN DEBUT…
Il était minuit et je nettoyais le labo afin qu’il soit prêt le lendemain matin. Comme d’habitude, la musique me tenait compagnie alors que je faisais la plonge (…eh oui à cette heure il y a bien longtemps que je suis seule !). J’ai entendu un bruit différent, comme un froissement d’ailes…oui un battement d’ailes, j’ai levé la tête et je l’ai vue.
Il y avait une fée, juste au dessus du placard du fond. Celui dans lequel je garde sous clef les recettes de ma grand-mère. Elle était minuscule, elle aurait pu tenir au creux de ma main. C’était la première fois que je la voyais, ce n’était pas une des habituées du labo. Elle n’avait pas de jolies ailes pailletées comme les autres. Les siennes était si différentes, si étranges, on aurait dit un épais velours gris. Gris ou noir ?
Je lui ai dit
– « Bonsoir, bienvenue au Petit Sucre ». Aucune réponse ! Elle me regardait de ses grands yeux bordés d’interminables cils, tout en nettoyant ses ailes de velours…enfin, je crois que c’était du velours. J’ai continué en disant
– « Je ne te connais pas toi ! Qu’est-ce que tu fais là ? ». Toujours rien…pas un mot ! Agacée par son mutisme, j’ai haussé les épaules et lui ai dit,
– « Pfff, excuse moi, je t’ai accordé trop d’importance. J’ai compris, tu n’es pas une fée, tu n’es qu’une pitoyable chauve-souris qui essaie de ressembler à une fée ». Et là, miracle elle a répondu :
– « Pourquoi dis-tu que je suis une chauve-souris ? ».
– « Parce que les fées ont des ailes avec des paillettes et que toi tu as deux choses lourdes qui ressemblent à du velours et ne peuvent en aucun cas te permettre de voler ! »
QUAND LA SENSATION DE L’AUTRE EST ENCORE LÀ…MAIS PLUS LUI
Elle a souri, et dans un battement d’ailes s’est posée sur le rebord de l’évier. J’ai fermé le robinet pour éviter qu’une goute d’eau ne vienne ruiner ses lourdes ailes. De son aile gauche elle a caressé ma main droite. Sous sa caresse j’ai éprouvé une sensation connue sans savoir exactement laquelle…
Elle m’a dit, «hmmm, je suis bien une fée…la seule qui soit armée pour regarder la tristesse dans les yeux, la seule qui puisse prendre le risque de t’étreindre sans craindre de voir ses ailes trouées par une goutte d’eau salée. Mes ailes sont en velours gris imperméable. Oui elles sont lourdes, mais ce n’est pas bien grave, car fort heureusement, je vole peu ».
Je l’ai regardé pendant quelques secondes sans rien dire et ai fini par soupirer, « pourquoi es tu là ? ».
– « Manuela, as-tu ressenti quelque chose, lorsque je t’ai caressé de mon aile tout à l’heure ? » a-t-elle dit.
– « Oui, c’était comme un souffle chaud » lui ai-je répondu.
– « Était-ce le souffle de quelqu’un en particulier ? ». J’ai senti une vague d’émotion me submerger, je l’ai regardé, elle a compris, et j’ai compris qu’elle avait compris…
ALORS ON IMAGINE DES MESSAGES …QUI NE VIENNENT PAS
Elle a recommencé, « je suis venue de là-bas pour te rapporter ce souffle. Celui qui te rappellera en permanence les longues heures que vous avez passés ensemble dans ce labo, pour te rappeler que dans ce lieu l’amour toujours mijotera. J’ai senti une larme rouler sur ma joue et lui ai dit :
– « Est-ce que moi aussi je peux te donner quelque chose à rapporter labas ? ». elle m’a sourit
– « Oui, mais il faut que ce soit léger, n’oublie pas que mes ailes sont déjà bien lourdes… »
Alors, J’ai pris son aile droite et l’ai collée contre mon cœur afin de lui en donner un battement, juste un…je lui ai dit « donne le lui et dis-lui qu’où qu’il soit, le cœur de sa maman continuera de battre pour le rassurer comme lorsqu’il était encore dans son ventre…comme lorsqu’il était tout contre son ventre.
J’ai alors laissé partir la fée Velours, sans savoir où se trouve ce là-bas, sans savoir si mon battement de cœur arriverait à bon port, sans savoir si en l’entendant il le reconnaîtrait…
Merci à vous tous qui avez fait preuve dans tant de sympathie, Merci pour toutes ces pincées de sucre glace que je continue de recevoir…
Votre Petit Sucre qui aime toujours autant saupoudrer du sucre glace sur vos vies…
